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vendredi 22 novembre 2024

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Le gui

Le gui (Viscum album)

Appelé aussi selon les époques et les régions : Bois de Sainte Croix, Glu, Verquet, Blondeau, Gu, Vert de Pommier, Bouchon 
Nous avons déjà fait sa connaissance début janvier.
Lisez ci-dessous la vie passionnante mais semée d’embuche de Monsieur Viscoglut.
Pour commencer, ses parents ne se sont jamais vraiment rencontrés : entre eux il pouvait y avoir plusieurs centaines de mètre, car chez le gui les sexes sont séparés : Les fleurs mâles (un peu spéciales cependant : pas de pétales ni d’étamines, mais des tépales qui fabriquent le pollen) Photo de gauche ; les fleurs femelles sur une autre boule, qui fabriquent, elles, les ovules mais aussi du nectar. Photo de droite



 

 

 

 

 





 

 

 

 


Sans l’intervention de petits insectes en mai, pas de fécondation.





De mai à décembre, la fleur fécondée se transforme en baie d’abord verdâtre puis blanche translucide qui feront le bonheur de nos décorations de Janvier mais aussi de petits oiseaux affamés tels que la Fauvette à tête noire ou la Grive draine.

Cette dernière peut gober puis digérer une dizaine de baies à la fois puis rejeter le noyau dans une longue fiente qui ira, peut- être, se coller sur une autre branche ;



moment bien délicat car si la fiente tombe sur le sol, sur de l’herbe c’est la mort de bébé Viscoglut. On estime à 1 sur 15 000 le taux de rescapés.
C’est là que la glu, dont il s’est fait le spécialiste, intervient : c’est grâce à elle qu’il pourra se fixer solidement sur la branche.
Et encore, pas n’importe quelle branche ! Certains arbres refusent de l’accueillir : le Poirier, le Cerisier, le Hêtre, le Châtaignier. Comment ? La Science n’est pas claire. Certains Chênes, exceptionnellement présentent une boule, c’est ce qui en faisait un caractère sacré pour les druides. (légère différence génétique ?)
Pour les autres, en particulier  Tilleuls,  Saules, Peupliers,….. c’est le début d’une lente mais irrésistible invasion : dès le printemps suivant, le petit embryon, à peine visible sur l’écorce, fabrique un suçoir qui tel un clou s’enfonce jusqu’au bois neuf où circule la sève brute (eau et sels minéraux). Il établit ainsi une véritable « station de pompage » qui lui permettra au printemps suivant de fabriquer deux magnifiques feuilles vertes grâce auxquelles il pourra se nourrir par photosynthèse. Alors, un parasite ? pas vraiment, mais un hémi parasite qui pourra quand même tuer son hôte si trop de ces « demi-brigands » pompent trop de sève brute.
Le gui est une plante médicinale, mais aussi toxique.
En celte, son nom signifie « qui guérit tout ». Jusqu’au XIXème siècle, il a eu la réputation de guérir l’épilepsie ; aujourd’hui, on le retrouve dans des préparations contre l’hypertension, et fait l’objet de recherche sur des actions anti tumorales.
La consommation des baies  provoque des diarrhées des douleurs abdominales et les viscotoxines contenues dans les feuilles peuvent avoir une influence néfaste sur le rythme cardiaque.

                 




                                                                                            La Glu

 

Le gui et les légendes celtes

Remontons d’abord jusqu’à nos ancêtres les gaulois : C’est la sixième nuit du solstice d’hiver, la première de l’année celtique, la « nuit mère ». Un druide vêtu de blanc s’enfonce dans la forêt pour y cueillir le gui sacré du chêne avec une serpe d’or. Il le reçoit dans un drap de lin d’une blancheur immaculée (car il ne doit pas toucher le sol afin de conserver ses pouvoirs) tout en prophétisant « O Ghel an Heu » - traduisez « Que le blé germe ». Quelque peu déformée, cette expression aujourd’hui désuète s’était déjà transformée au Moyen âge en « Au gui l’an neuf ». Les gaulois qui, comme chacun sait, ne craignaient qu’une seule chose, c’est que le ciel leur tombe sur la tête, attribuaient donc à cette plante, outre ses vertus médicinales, des pouvoirs magiques. Le gui chassait les mauvais esprits, purifiait les âmes, neutralisait les poisons et assurait la fécondité des troupeaux.
Autre lieu, autre légende, en Scandinavie cette fois. Le démon Loki, par jalousie, tua le dieu soleil Baldut (ou Balder) lui décochant une flèche empoisonnée avec du gui. Preyla, déesse de l’amour, implora les dieux de redonner vie à Baldut, promettant alors d’embrasser quiconque passerait sous le gui. Évidemment, Baldut ressuscita. De cette légende naquit la coutume du baiser sous le gui, dès lors symbole de l’amour et du pardon. Notons au passage que Wagner aurait trouvé là une source d’inspiration pour sa célèbre « tétralogie ».
On peut préférer cette version, galloise : Les trois filles du roi Gwydyr, étant promises à trois chevaliers en partance pour la guerre, se retrouvèrent sous un vieux chêne pour échanger des gages d’amour. Les plumes de paon offertes par les jeunes filles n’y suffisant pas, elles accordèrent un baiser à leurs fiancés.
(Source : Mission d’animation des Agrobiosciences)


Bibliographie :
La Hulotte Numéros : 48 et 49 
Site internet : ENS Lyon ; département de Biologie.