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jeudi 21 novembre 2024

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Chateau de Montjeu

 


Le château de Montjeu est situé sur la commune de Broye en Saône-et-Loire, dans une propriété forestière de plus de 704 hectares, clairsemée d’étangs et de jardins, sur une montagne au Sud de la ville d’Autun. Un mur d’enceinte de 10,6 km entoure la propriété. S'agissant d'une propriété privée, il ne se visite pas.

Architecture / construction :

    La construction comprend un corps de logis encadré de deux ailes en retour d'équerre flanquées aux angles de quatre pavillons carrés. Des pierres appareillées marquent les angles des bâtiments et l'encadrement des fenêtres. Une porte encadrée de bossages et surmontée d'un fronton brisé ouvre sur la cour au centre du logis.
    Des fossés autour du château et des canonnières dans les pavillons de chaque côté de l'entrée sont seuls à évoquer des éléments de défense. Dans l'aile sud, se trouve la chapelle revêtue de boiseries et ornée de peintures. Au Nord, les communs forment un ensemble imposant autour d'une cour, avec portail, abreuvoir monumental et un pigeonnier.
Vers l'est, devant le château, au pied du rond-point d'où descendent deux degrés latéraux, une allée d'axe divise les parterres et aboutit à un bassin rond qui domine un vaste horizon de bois et de montagnes. Les parterres forment des compartiments de broderies avec des bassins, dominés de chaque côté par des terrasses plantées d'arbres en quinconce. À l'ouest, un parterre, avec bassin au centre, flanqué de salles de verdure, forme un jardin fermé par une grille.
    Ce château fait l’objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 décembre 1929 et d’un classement depuis le 19 avril 1958. (1)

Toponymie :

Les formes les plus anciennes Mongeu, Montjeul, Montjehu, Monjouz ne permettent pas de certitudes, mais on peut penser au gaulois juris = hauteur boisée.

Historique :
    Une maison forte médiévale est attestée au XIVème siècle, elle devait être assez modeste. On n'est même pas assuré de son emplacement précis. Il est communément admis que le Président Jeannin fit édifier, entre 1585 et 1595, l'actuel château de Montjeu sur l'emplacement de l'antique maison forte, laquelle n'était plus habitée depuis longtemps et était probablement ruinée. Les seigneurs de Montjeu habitaient en effet habituellement soit leur château d'Antully, soit ultérieurement Montjeu-en-Autun, au pied de la forteresse de Riveau.
    Le château construit par Jeannin fut l'œuvre de l'architecte Etienne Martellange. À ceux qui s’étonnent de le voir construire dans ce site, Jeannin répond : « Je serais toujours assez loin des méchants et mes amis sauront me trouver ». L'ensemble était entouré de fossés franchis par un pont levis. Un vaste jardin d'agrément, dessiné par Le Nôtre, fut aménagé sur un immense remblai comblant le sommet de la vallée qui s'ouvrait initialement à l'emplacement du château.
    À l'est du château, la basse cour comprend les logements du personnel, écuries, grange, ateliers, volière, colombier. D'autres bâtiments de service furent ultérieurement construits à l'ouest du château.
    Les murs du parc, terminés en 1660, enfermaient une superficie d'un peu plus de 704 hectares.
Le château a été brûlé accidentellement en 1634, 1746, 1963 mais toujours restauré.

Datation :

Montjeu paraît être, à l'origine, un démembrement de la châtellenie ducale de la Toison.
    Le premier possesseur connu est Guy de Riveau, chevalier mort en 1253 (Riveau était la citadelle ducale dominant Autun). Sa fille Béatrix apporta Montjeu à son mari, Guillaume d'Ostun, seigneur d'Aisey et de Ravelon. Leur fils, Perrin d'Ostun, épouse Isabeau d'Antully, achète le Petit Montjeu (en Autun) et le tiers du château de Riveau en 1307.
    Dans un dénombrement donné au duc de Bourgogne le 27 mai 1365 par Marguerite de Saillenay, veuve de messire Hugues de Montjeu (fils de Perrin d'Ostun) on trouve la première mention descriptive de la maison forte de Montjeu, avec fossés, granges, étables. La famille des seigneurs de Montjeu disparut à la mort d'Hugues III de Montjeu, en 1556. Sa fille Jeanne épousa Claude de Villers, seigneur de Gerland. Ce dernier fit tant de dettes qu'après sa mort, Montjeu fut saisi, mis en vente et adjugé pour 24 000 livres en 1585 à Pierre Jeannin, Président à la Cour du Parlement de Dijon et conseiller d’Henri IV.
    Pierre Jeannin mourut surintendant des Finances sous la minorité de Louis XIII en 1622. Entre temps, il avait fait construire l'actuel château et acheté toutes les terres voisines jusqu'à la baronnie de Dracy-Saint-Loup et la châtellenie de Glenne ainsi que celle de la Toison.
    Son petit-fils Nicolas de Castille fit ériger Montjeu en marquisat en 1655 et y réalise les jardins à la française.
    En 1734, Voltaire assiste dans la chapelle au mariage de Marie Élisabeth Sophie de Lorraine-Harcourt, fille d’Anne Marie Joseph de Lorraine, prince de Guise et de Marie Louise Christine Jeannin de Castille, avec le Maréchal de Richelieu. En 1735, un incendie endommage le corps de logis central. La veuve du président d'Aligre fait alors l'acquisition du château et remplace les ponts-levis, devant et derrière le château, par des ponts dormants et supprime le mur percé d'un portail monumental qui fermait la cour.
    Durant la seconde moitié du XVIIIème siècle, le domaine passe au petit-fils des précédents, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau. Député de la noblesse, ayant voté la mort de Louis XVI, il évita la confiscation du château durant la Révolution. Il fut assassiné pour cela. Considéré comme le premier « martyr de la Révolution », il fut inhumé au Panthéon de Paris. Sa fille, Louise-Suzanne, née le 1er mars 1782, fut la première fille adoptive de la nation. Cet épisode coûta la vie à son auteur mais sauva le domaine qui demeura à peu près dans son intégrité jusqu'au début du XXème siècle. Au cours du XIXème siècle, un mariage apporte la propriété aux Talleyrand. En 1893, le domaine échoit à la princesse de Ligne.
    Montjeu ne passa en des mains roturières qu'à partir de 1939, quand le domaine est acheté par M. Roger Louis Demon, industriel du bois, qui pensait y trouver de très belles ressources. Lui-même et sa femme, née Anne-Marie Lyon, se prennent d’une vraie passion pour cette propriété alors en très piètre état. Le château était alors flanqué de deux corps de bâtiment importants, les communs avec écuries, pigeonnier et logements et une ferme. Deux autres fermes étaient exploitées à la porte des Vernes de Lyre et à la porte de Broye.
Un grand chantier de restauration s’ouvre alors :
•    Reconstruction des chemins et revêtement de la route principale, qui permettait aux habitants de Broye de se rendre à Autun, en traversant la propriété,
•    Remise en état des jardins à la française suivant les plans de Lenôtre, conservés au château,
•    Coupe des arbres malades et dégagements des taillis. Conservation de la futaie « Rageot », magnifique bois de hêtres plus que centenaires. Replantation en résineux suivant le désir des eaux et forêts,
•    Reconstruction du mur faisant le tour du parc de 704 hectares ; ce mur, d’environ 11 kilomètres était écroulé en de nombreux endroits,
•    Reconstruction du potager qui se trouve en contrebas des parterres et fournit au domaine les fruits et légumes nécessaires.
    M. Demon obtient après la guerre l’inscription aux Monuments Historiques.
Dès 1948, la ferme principale est équipée d’un matériel de traite électrique des vaches importé des États-Unis. En 1950, les toitures du château sont refaites à l'ancienne et remises en état d’origine par suppression des gouttières, suivant les préconisations de l’administration des Monuments Historiques.
À partir de 1963 : après l'incendie qui a détruit l'intérieur du corps de logis central et endommagé l'aile Nord, le propriétaire de l’époque, le docteur Manchot, fait réparer le château
    À la fin des années 1980, le château est racheté par le milliardaire franco-britannique, Sir Jimmy Goldsmith. Le nouveau propriétaire entreprend immédiatement une œuvre de restauration intérieure et extérieure très importante. Restauration des communs et pavillons et, surtout, reconstruction des jardins à la française et des bassins extérieurs qui étaient à l'abandon et quasiment en ruine.

Anecdotes :

  •     Au moment de la Saint-Barthélemy, Jeannin fut appelé au conseil qui s’est tenu chez le comte de Chagny, lieutenant général de la province, qui venait de recevoir des instructions avec deux lettres écrites de la main de Charles IX contre les Protestants de la province. Donnant son opinion le premier, comme le plus jeune et le moins qualifié, le président Jeannin présenta qu’il faut obéir lentement au souverain quand il commande en colère, et conclut d’envoyer demander au roi des lettres patentes avant d’exécuter des ordres aussi cruels : son avis détermina tous les suffrages. Deux jours n’étaient pas écoulés, qu’un courrier apporta la défense d’entreprendre en aucune façon sur la vie et les biens des partisans de la religion réformée.
  •     La chasse était une des plus réputées de Bourgogne : sangliers, chevreuils et daims dans un enclos privé de 700 hectares.
  •     Les étangs de la Toison fournissaient l’eau de la ville d’Autun et une pêche de plusieurs tonnes.
  •     18 mai 1881, 7 heures du matin. Asselin et M. de Saint-Victor se battent en duel au sabre à cause d’un sanglier chassé sur les terres de Montjeu dont M. de Saint Victor était régisseur des Talleyrand-Périgord. Le régisseur en meurt et Asselin est condamné à une peine 4 mois de prison (!).
  •     Montjeu a permis à M. Demon, commandeur de la Légion d’Honneur et « gueule cassée » de 1914-1918, de cacher une famille juive poursuivie par les nazis en 1944; l’institut Yad Vachem lui a décerné de ce fait le titre de « Juste parmi les Nations».
  •     Le château de Montjeu a donné son nom à un des plus grands chevaux de courses du monde. Elevé sur ce domaine par Jimmy Goldsmith, le pur-sang nommé Montjeu a gagné le Prix de l’Arc de Triomphe en 1999 à Longchamp, juste après la mort du magnat anglais. Montjeu était un étalon prestigieux basé en Irlande, mort à 16 ans, en 2012. Il a eu un fils nommé Montmartre qui est étalon en France.

Bibliographie et sources :
*Abbé Doret et A. de Monard, Montjeu et ses seigneurs, MSE, IX, 1880 ;  MSE, XXI, 1893,  et ?Ch.Boëll : MSE, XL, 1912, MSE, XLVII, 1933, 1934 ?MSE, XLVIII, 1938,
*1939? Histoire et monuments, Canton de Mesvres
*BSE, Sites et monuments, 2009
* Alain Lequien, Les nouveaux mystères de Saône-et-Loire, 2011
*fr.wikipédia.org
*chateau-fort-manoir-chateau.eu

                              

 

 


© Roland Niaux, 2008

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