QUELQUES BIZARRERIES DE LA NATURE
En se promenant le long des sentiers de la Louvetière, il n’est pas rare de rencontrer des spécimens qu’il semble impossible de classer : végétal ? champignon ? voire crottes d’animal.
Voici quelques exemples :
Les champignons
Amas noirâtre quand il est vieux, mais rouge couvert de petites bosses quand il est jeune, faisant penser à des fraises de bois : c’est un Hypoxylon fragiforme (champignon ascomycète) inutile de le goûter : il est sans intérêt culinaire. Il se plait sur les branches mortes de Hêtre, le plus souvent en troupe.
Autre champignon ascomycète : Neobulgaria pura occupe le même habitat que le précédent ; visible dès le mois d’Août jusqu’au premières gelées.
Autre curiosité trouvée au cours de randonnées : le Beurre de sorcière (Tremelle mesenterica) ; champignon basidiomycète
Jolie petite coupe fragile et orangée visible dès le début du printemps sur les branches mortes à terre ou sur les rondins. C’est la Pezize coccinée (Sarcoscypla cocccinea), champignon ascomycète, aussi appelé « bonnet rouge » qui égaye la forêt encore dénudée.
Les Lichens
Ils colonisent tous les milieux les rochers, le tronc des arbres, avec ou sans écorce, les mousses, le sol nu.
Par exemple, sur les troncs la Peltigère, grand lichen à lobes larges et coriaces, portant des rhizines permettant la fixation sur le substrat.
Comment vivent-ils ?
Ils sont formés par une association de 2 êtres vivants : un champignon et une algue (ou une cyanobactérie autrefois appelée algue bleue). Le premier protège l’algue, lui apporte l’humidité dont elle a besoin ainsi que les sels minéraux ; cette dernière nourrit le champignon grâce à la matière organique qu’elle fabrique par photosynthèse.
Cette association à bénéfice réciproque est appelée symbiose ; elle lui permet de résister aux écarts de température importants et à la pauvreté des ressources nutritives.
Ils grandissent, mais leur croissance st lente compte tenu de leur condition de vie difficile, mais ils peuvent vivre plusieurs centaines d’années !
Comment se reproduisent-ils ?
Quand la sécheresse s’installe, les lichens deviennent cassants ; les fragments peuvent alors être dispersés par le vent, les animaux. Quand la pluie revient, ils se régénèrent et colonisent ainsi de nouveaux substrats.
Une reproduction sexuée est aussi possible : dans ce cas, seul le champignon donne des spores qui sont transportées par le vent et vont constituer un nouveau « nid » qui devra recueillir et emballer une nouvelle algue pour donner naissance à un nouveau lichen.
Les lichens et la pollution
La partie champignon concentre la plupart des polluants atmosphérique et sa sensibilité est variable selon les espèces.
C’est pourquoi ce sont de bons indicateurs écologiques et des cartes de pollutions sont établies en de nombreux points de la planète.
Utilisations des lichens
Hier et aujourd’hui, elles sont nombreuses : nourriture d’appoint, fabrication de poison, entre dans la fabrication de parfums.
Utilisés aussi en médecine et en teinturerie
Les Nodules à Frankia
Dans la zone humide que vous traverserez par une passerelle, cherchez sur les racines des aulnes glutineux au bord de l’eau des amas grenus : ce sont des nodules à Frankia
Ces nodosités contiennent des bactéries actinomycètes ( les Frankia) vivant en symbiose sur les racines de l’arbre.
Dans cette association à bénéfices réciproques, la plante fournit les éléments nutritifs provenant de la photosynthèse et les bactéries les substances azotées synthétisées à partir de l’azote puisé dans l’air.
Les racines de l’aulne vivant dans l’eau ne peuvent, à l’image des autres plantes terrestres s’approvisionner en nitrates du sol.
Seules certaines bactéries possèdent l’enzyme nécessaire à la transformation et l’utilisation de l’azote atmosphérique. (On retrouve ce type de nodosités symbiotique sur les racines de légumineuses )
Les Myxomycètes : Un monde étonnant
Fleur de Tan : Fuligo septica
Autrefois considérés comme des « champignons qui se déplacent », ils ont perdu leur statut de champignon, mais sont toujours étudié par les mycologues, à défaut d’avoir trouvé d’autres spécialistes.
A quoi ressemblent-ils ? au premier coup d’œil, à rien ou plutôt à tout ! car leurs formes évoluent en fonction des étapes de leur vie.
On les rencontre sur des débris organiques divers : litière de feuilles, bois pourri, compost, mousses.. soit sous formes gélatineuses mobiles (quelques centimètres par heure) : le plasmode , soit sous formes de sporocystes immobiles, libérant des spores.
De quoi se nourrissent-ils ? Leur nutrition se fait essentiellement par phagocytose : ils ingèrent puis digèrent des bactéries, des champignons
Son cycle de reproduction passe par plusieurs étapes
1- Pendant le stade de croissance, le plasmode à plusieurs noyaux vit sur des déchets organiques
2- Le plasmode prend souvent la forme d’un tissu déchiré pour augmenter sa surface de contact avec l’eau, les aliments et l’oxygène.
3- Le plasmode forme des sporocarpes
4- Lorsque les conditions de vie se détériorent, une méïose se produit à l’intérieur du sporocarpe pour produire des spores haploïdes.
5- En conditions favorables, les spores germent
6- Des cellules amiboîdes ou flagellées se forment
7- Deux cellules de même type se fusionnent et forment un zygote diploïde
8- Le zygote se divise alors par mitose
Où et quand les rencontrer ?
Ces quelques lignes vous ont peut-être intrigués et vous souhaitez rencontrer ces étranges êtes vivants
Les périodes les plus favorables à leur observation sont le printemps et l’automne, dans les zones humides et ombragées , sur des souches en décomposition entourées de feuilles pourrissantes. Toutes ces conditions sont présentes à la Louvetière.
Les photos, toutes prises par M. Rimbaud et M. Boutillon de la SHNC. Merci à eux.
Relevé fait par Michel B. le 17 avril 2016
Reticularia ( ex Enteridium) lycoperdon
Lycogala epidendron
M4243-BF/JG/CP-270416